LE JEUNE HOMME, L'ARROGANCE ET LA GIFLE
Catégorie : Billets d'humeur
Emmanuel Macron arrogant ?
ll avait, tout petit, ces yeux - magnifiques, plus que vraiment touchants, ce regard brillant d'intelligence, plus que d'envie des autres. Du moins, on peut le croire. Heureusement qu'il a tout jeune beaucoup fréquenté sa "Manette", grand-mère dirigeant un collège, pour lui insuffler, et l'amour des livres, et celui de la République et son école. On lui doit quelque chose à celle-là, sinon, le gamin n'aurait vu le monde - extérieur - que depuis les hauts murs de sa classe sociale, et ça, jusqu'à tard dans sa vie, c'est à dire (frissons) au bord de nous tous... Est-ce vraiment nécessaire de l'écrire : tout lui a réussi. Tout, c'est à dire, le scolaire, le circuit ordinaire des petites classes et du collège, option grande vitesse. Dès le lycée, il avait déjà pris un de ces chemins parallèles à l'abri de tous les orages comme tout un chacun dans son milieu. Ont suivi les grandes écoles (mais pas Normale sup à son grand regret ; faut creuser, là), les stages performants et l'itinéraire politico-économique, celui qui "dit" la société, ce qu'elle est, ce qui ne va pas, et comment on la corrige. Pas le terrain, le "dit" sur la question. Grandes travées jamais sinueuses, éclairées et même rétro éclairées de jour comme de nuit ; il n'a pas eu souvent peur du noir, le gamin.
Il était mieux que bon, excellent. J'en ai connu dans mes classes, de ceux-là, le doigt toujours levé, à peine la question posée, l’œil connecté au professeur, l'adulte dont ils aiment la fréquentation, en demande un peu décalée d'une forme étrange de parité, regard se posant peu sur les camarades, avec un rien de mépris parfois sur leur supposé niveau si ordinaire, leur temps de réponse plus lent, surtout. Ils sont tellement formidablement scolaires, ces peri-surdoués, adorés des enseignants-contenu et rien d'autre, qu'on leur fait sauter des classes, et c'est regrettable. Car, foin du temps de la maturité des apprentissages et peu chaut du rapport aux pairs et du rythme psycho-pédagogique (cher aujourd'hui à notre Blanquer) avec lequel on grandit en savoirs, certes, mais en capacité de regard maîtrisé sur le monde, aussi.
Quand il a accédé au plus haut de l'Etat, à la magistrature suprême - comme on disait à Rome -, le gamin pouvait citer chaque article de loi en latin (ancien), mais était un peu juste sur les subtilités politiques de cette lointaine mère de la démocratie ; il lui a paru naturel de continuer sur sa lancée - connaissait-il d'ailleurs autre chose ? Alors il a fait défiler ce qui est son florilège, vite, comme l'homme qui marche à la vitesse de la lumière qu'il n'a cessé d'être depuis "son Mai", comme s'il pouvait tout maîtriser, tout avaler et nonobstant, tout contrôler. On est donc passé de l'annonce du tout-réforme comme un étrange package, à prendre ou à laisser ; fusées qui sont passées devant les ruines des oppositions impuissantes, et pas moins, au large de tous les mouvements syndicaux, car depuis le haut de la pyramide qu'il ne quitte guère depuis le Louvre, il lui a semblé superflu, et dommageable perte de temps, que de s'arrêter à ces corps intermédiaires tout droit sortis de l'ancien monde. Il s'est donné du "Jupiter" (probablement de sa part une contrepètrie, une galéjade amusante) sauf que pour les Français qu'il nomme à l'envi, "son peuple", cela prit un autre sens, sérieux. Car le jeune homme avait du Bonaparte suintant en lui, et cela ne manqua pas de faire, en même temps que sens, mauvaise boule de neige. Le jeune flamboyant avait décliné tout au long de sa pourtant courte campagne électorale, ces mondes - ancien, et nouveau -, dont ceux qui n'avaient pas l'esprit historique prompt et vigilant, auraient pourtant dû se méfier, car cette dichotomie du genre "ombre et lumière", ces drapeaux de vertus élues et désignées, est toujours dangereuse.
Et l'on s'est baladé dans l'amertume des "1ers de cordée", de ces "traverse la rue..." et de ces "halls de gare" méprisants et hautains, de tous ces revers de main agacés, qui menaçaient de balayer le sens même et la chair de la République. En tous cas, ce fut ce qui, peu à peu, imbiba un certain esprit public, dans cette opinion si vaste, mouvante, d'en bas, celle qui ne votait pas souvent, ou aux extrêmes, qui revenait de tout et faisait dans le "dégage" en guise de programme simple. L'été dernier - celui qui n'était jamais qu'à 1 an de son sacre, aggrava la chose avec la gestion si immature, insolente, inappropriée, de l'affaire Benalla, par le jeune et sa garde rapprochée. Le jeune homme, du reste, ne gère-t-il pas tout avec la chance, quelquefois, mais aussi l'inexpérience, souvent, de son âge disons politique, et du haut de son "insight" insuffisant, comme on dit en milieu psy, cette aptitude à se voir fonctionner, que chacun doit cultiver...
Je ne sais plus quand il a dit : "Qu'ils viennent me chercher !", cette apostrophe qui sent ces conflits d'élève à élève dans les cris des cours de récré, qui aident à grandir, mais hélas pour lui, le gamin, qui a sauté trop vite les échelons, est un peu faible en la matière ; l'expérience toujours. Et, c'est sur le gilet jaune d'un bien plus vieux manifestant, qu'on a lu, hier "on arrive, Emmanuel... !", comme une calotte au gamin impudent, qu'il a pris, on veut le croire, comme une gifle d'importance. Ce qui pourrait arguer en sa faveur, à ce jeune président flamboyant, c'est son intelligence, exceptionnelle c'est vrai, et du coup, sa faculté d'adaptation et de réponse au problème. Mais un Montaigne lui ferait remarquer que sans l'humanité, que vaut l'intelligence... ? Vous parlez - enfin - Lundi, Monsieur le Président ; préparez chaque millimètre de ce saut là...
Martine L Petauton
8 Décembre 2018
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