Opinions
LES JOURNALISTES ET LES GILETS JAUNES
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Cet article est le résumé d'un livre, "Gilets jaunes - L'imposture" (par l'Inconnu Soldat), qui a été censuré par les médias - et notamment par Le Monde, fer de lance du mouvement journalistique systématiquement favorable aux Gilets Jaunes. Son auteur a précisé qu'il n'avait pas voté pour Emmanuel Macron au premier tour, mais au second, pour faire barrage à Marine Le Pen. Il insiste d'abord sur le fait qu'Emmanuel Macron est légitime parce qu’il a été élu avec 66,1 % des voix, qu’il est arrivé premier de tous les candidats au premier tour, et qu'il a nettement remporté le second tour. Bien sûr, en comptant les abstentions, il n’avait pas la majorité absolue, mais la majorité qu’on appelle simple. Donc, contester la légitimité d'Emmanuel Macron, c'est contester le mode électoral décidé au travers de la constitution, qui fut acceptée par référendum au début de la Ve République, et à une majorité écrasante. Les Gilets Jaunes n’ont aucun droit de décision au sujet de la légitimité d'Emmanuel Macron. Le raisonnement comme quoi Emmanuel Macron pourrait ne pas être légitime est un sophisme, un raisonnement biaisé.
La presse dénonça la diminution de cinq euros pour l'allocation logement, mais pas un mot positif quant à l’augmentation de 100 euros pour le SMIC (en fait 35 euros si l'on tient compte de la prime d'activité), présentée comme des miettes. Il y eut certes l’augmentation de la CSG (avec un seuil qui a été remonté), mais des mesures sociales ont été prises, dont les journalistes ne parlent pas. Une partie importante de la presse passe sous silence les changements qui ont eu lieu pour les plus démunis. Elle parle peu de l’augmentation de l’allocation vieillesse, de l’allocation pour handicapés, de la suppression progressive de la taxe d’habitation pour 80 % des assujettis, de la suppression d’une partie des charges sociales pour les bas salaires, etc. Visiblement, certains journalistes ont un parti pris politique contre Emmanuel Macron. De plus, on voit des articles moquant le chef de l'Etat. Peut-être manque-t-il d’empathie, mais il ne manque pas d’intelligence, ni de haute conscience de son rôle en tant que Président. Certains journalistes oublient au minimum de relativiser, quand ils ne présentent pas les choses sous un jour uniquement critique - finissant par influencer inévitablement des millions de Français...
Des journalistes, dont ceux qui ont couvert les Gilets Jaunes pour Le Monde, ont pris parti pour eux sans la moindre nuance. Clairement, depuis le début, la majorité des journalistes sont liés aux mouvements populistes, même si certains d'entre eux n’en n'avaient sans doute pas conscience - ce qui pose question quant à leur formation de journalistes et de citoyens... Un des mensonges, c’est à propos de la disparition de l’ISF. Beaucoup de Gilets Jaunes croient qu'il a complètement disparu, ce qui est faux : il en reste un tiers. L’idée de sa transformation étant de permettre des investissements, donc de l’emploi et plus de richesses pour les Français. Ce n’est pas juste un outil au profit des riches… Et puis bien-sûr, le mensonge continue quand on ne mentionne pas l’augmentation du RSA, du minimum vieillesse, des allocations, telles que celles pour les femmes isolées, de rentrée, les APL, familiales… On ne signale pas ces aides aux plus démunis pour bien ancrer l’idée de "Macron Président des riches" qui "profite des pauvres"... Tout ceci fut agité par des politiciens revanchards et distillant de la haine par rapport à la victoire d'Emmanuel Macron. En ce qui concerne Jean-Luc Mélenchon, il est évident que cet homme a été de très mauvaise foi, entre autre lors des perquisitions qui ont eu lieu chez lui. Mais, sa crise d'excitation renforça son noyau dur, qui se mit à attiser de plus en plus la haine. Une partie importante des Gilets Jaunes sont des électeurs de Mélenchon, ou de Le Pen et de groupuscules de l'ultra-droite. L’affaire Benalla a également été un des ferments de l’éclosion de ce mouvement populiste, certains journalistes du Monde ayant comparé cette affaire d'importance limitée au Watergate - donc un traitement journalistique disproportionné... Le départ de ces manifestations fut le prix du carburant et le pouvoir d’achat, c’est à dire, soit-disant, de l’injustice fiscale. Ils sont partis en réalité d’une idée fausse, comme quoi le pouvoir d’achat stagne depuis dix ans, ce qui est une contre-vérité. Et aussi qu’il baisserait pour les plus pauvres, ce qui est également faux. C’est une thématique de populistes de gauche, les populistes de droite en parlant moins. L’extrême droite, elle, évoque les immigrés, des fraudeurs sociaux, des faux chômeurs, ce qui est fabuleux quand on sait que plusieurs dirigeants d’extrême droite fraudent le fisc...
Avec l’affaire Benalla, la limitation sur les routes à 80 km/h, et finalement la légère augmentation du prix du gazole, tout cela constitua les explosifs artificiels destinés à gonfler le mécontentement soit-disant général. Remettons les choses en perspective : il y a 30 ans, une heure de SMIC permettait de s’acheter deux fois moins de carburant qu’aujourd’hui, sachant que les voitures consommaient deux fois plus ; on en arrive à la conclusion qu’une heure de SMIC permet de rouler une distance quatre fois plus grande qu’il y a cette époque. Il a suffi d’une vidéo, devenue virale, d’une femme en colère (et qui s'est d'ailleurs récemment désolidarisée des Gilets Jaunes) à cause de cette taxe pour faire démarrer les actions des Gilets Jaunes. Le Monde fut le principal animateur du mouvement systématiquement hostile à Emmanuel Macron, en ne proposant pas, contrairement à son habitude, des articles pour et contre les Gilets Jaunes. Un équilibre aurait pourtant permis justement de mettre les choses au clair, et les lecteurs du Monde, habitués à voir un équilibre, n’ont pas pensé un instant, sans doute, que le fait de ne donner qu’un seul point de vue était un manque au devoir d’information et d’honnêteté. Et malheureusement, la majorité des médias "mainstream" ont suivi ce biais d’information (occultation d’informations, présentation biaisée des faits), sous prétexte de faire de l’information continue… On a pu remarquer aussi que les Gilets Jaunes ont été violents envers des journalistes, alors même que ceux-ci prenaient souvent leur parti. Mais, c’est relativement connu que les sympathisants des Insoumis et du Rassemblement National haïssent la presse "mainstream"… Les médias ont donc joué ici un rôle politique partisan...
Il y a eu plusieurs tables de discussion qui furent ouvertes, mais jamais 50 % du temps donné aux opposants pour Le Monde… Le Figaro, quant à lui, a fait une étude, publiée dans un article (le 19 décembre 2018) à propos du fait que les Gilets Jaunes se sont imposés à la une de la presse petit à petit. Quand on relève le contenu de ces unes, on voit des mots comme "grogne, colère, vague, marée"… ces deux derniers termes ne correspondant à aucune réalité. Plus tard, on relève des expressions comme "pouvoir d’achat, colère noire, fièvre jaune… On retrouve donc bien dans les unes de nombreuses références au pouvoir d’achat. Alors, était-ce une vague, une marée ? Pour cela, il suffit de se référer aux chiffres, et si certains ne veulent pas faire confiance aux chiffres soit-disant biaisés du ministère de l’Intérieur, il faut savoir qu’un groupement de journaux a fait faire des comptages par un organisme indépendant, et qu'ils ont obtenus les mêmes que le ministère, tandis que ceux des organisateurs restaient fantaisistes...
Entre le 17 novembre et le 5 janvier (huit manifestations), le nombre de manifestants est passé de 282.000 à 50.000. Or, il y a 47 millions d’électeurs en France. Le nombre de manifestants du 17 novembre correspondait donc à 0,62 % des électeurs. Ces chiffres sont moins que médiocres, alors que Mélenchon, Le Pen et la CGT avaient appelé à manifester… La médiocrité de ce chiffre peut être comparée aux quatre millions de manifestants faisant suite aux attentats de Charlie Hebdo (les 10 et 11 janvier 2015). On peut aussi la comparer à la Manif pour tous, mouvement minoritaire, moins populaire que les Gilets Jaunes : 340.000 personnes, soit 18 % de plus que les Gilets Jaunes... A l’époque, leur pétition, qui avait récolté 700.000 signatures, avait été considérée comme non-représentative et illégitime. Pourquoi dans ce cas les 282.000 manifestants du 17 novembre seraient-ils plus légitimes ? Parce que certains médias, dont Le Monde, ont transformé la grenouille en bœuf, par un flux d'écrits manipulateurs...
70 % des Français soutenaient soit-disant les Gilets Jaunes… Le Monde a corrigé le tir par la suite, mais les sondages indiquaient tout de même environ 45 %… les 25 autres % ont été rajoutés en additionnant "soutien" et "sympathie", ce qui n’est évidemment pas la même chose. Voilà pourquoi (et c'était voulu) il y eut une sur-légitimation des Gilets Jaunes. "Colère noire, Détermination", etc... voilà ce que l’on entendait, alors même qu’ils restreignaient la liberté de circulation. Certains étaient même haineux. Le mouvement même est un noyau de violence. C’est violent, car ils supprimaient le droit de libre circulation, mais aussi parce qu’ils engendraient une violence réactive, qui a eu parfois des conséquences tragiques. Par exemple, cette femme qui amenait son enfant d’urgence à l’hôpital, bloquée dans les ronds-points, sa voiture malmenée, paniquant au point de foncer dans les manifestants ! De plus, ils imposaient aux conducteurs de mettre le gilet jaune (obligatoire dans les voitures) sur le pare-brise et à crier "Macron Démission"… Il y eut des saccages partout. Alors, n’allons pas parler de "pacifisme" et d'atmosphère "bon enfant", d’autant plus quand on voit qu’il y a eu des stations de péages détruites, incendiées, par les Gilets Jaunes, et non généralement par des casseurs professionnels. Ces violences pourraient expliquer qu’aux dernières manifestations le nombre ait nettement diminué, seuls les plus radicalisés étant restés.
Les Gilets Jaunes ont envoyé une délégation insistant sur le fait qu’ils ne prenaient pas de décision et ne dirigeaient pas le mouvement. Il y a pourtant des sortes de leaders comme Eric Drouet, qui a créé l’événement du 17 novembre, Maxime Nicolle, Mathieu Blavier, Jason Herbert, Thomas Miralles, Marine Charrette-Labadie, Julien Terrier, Priscillia Ludosky. Ces "portes-paroles" auto-proclamés ont décidé qu’ils étaient représentatifs juste parce qu’ils avaient des pages Facebook. Tous sont membres de la classe moyenne, gagnant tout à fait bien leur vie. Comment osent-ils prétendre être les "portes-paroles" de gens dont ils ne partagent rien - sinon la haine du pouvoir en place ? Barnaba, par exemple, a un salaire de 50 % au dessus du salaire médian... Pour Drouet, l’État abuse de la population, et il se vante d’avoir voté pour Marine Le Pen aux deux tours... tout en étant devenu un soutien de Jean-Luc Mélenchon... ! Miralles, lui, a été candidat aux municipales de Canet sous la bannière FN, Cauchy est très lié aux pro-poutiniens français et adhérent à Debout la France. Buhler a été adhérent au FN, puis est passé chez Dupont-Aignant, Maxime Nicolle a voté lui aussi Marine Le Pen et il dit qu'il veut faire perdre de l’argent aux riches en bloquant les ronds-points (bon, il en fait perdre aussi aux pauvres, mais chut… pour les journalistes !), et il critique durement la police. François Ruffin accuse Emmanuel Macron de mettre la France à feu et à sang, prétendant que le Président déchire la République et qu’il devrait démissionner, sous peine de rendre le pays fou de rage, et parallèlement il déclara qu'il "haïssait" le chef de l'Etat et qu'en fait il avait des pulsions de meurtre par rapport à lui...
Les Gilets Jaunes prétendent faire une "révolution", mais étant donné leur appartenance aux populistes (complotistes, extrêmes droites, populistes mélenchonistes), ils sont plutôt dans le cadre de la Terreur. Leur objectif de porter les revendications issues d’un sondage proposé pendant plusieurs jours sur le groupe Facebook "La France en colère" a abouti à un "référendum" de 30.000 personnes, qui a fait sortir un certain nombre de revendications caractéristiques. Comment 30.000 individus pourraient-ils être représentatifs ? Quant au nom du groupe, il n'incite pas au calme, au pacifisme... Justement, parlons de la violence souvent exprimée contre les forces de l’ordre : un commissaire roué de coup, de nombreux policiers blessés, etc... Des Gilets Jaunes prennent des pavés, des cocktails molotov et les envoie à la tête des policiers ; et après cela ils s’étonnent qu’au bout d’un moment les policiers répondent ? On doit aussi parler de violence sociale, parce que mettre des gens au chômage à cause des blocages permanents, ça s’appelle aussi de la violence. Les fausses informations aussi peuvent être considérées comme de la violence, par exemple ces tracts mensongers, typiques surtout de l’extrême droite, sur les droits de succession, fausse information sur la suppression des allocations logement. Comme autres mensonges, on relèvera l’utilisation d’une photo datant de 2014 et montrant une manifestation de travailleurs frontaliers allemands, prétendument attribuée à une manifestation de Gilets Jaunes, l’utilisation également de photos de la retransmission en plein air de la coupe d’Europe de Rugby à Clermont-Ferrand, ou encore des photos des manifestants après les attentats de Charlie Hebdo… Ils ont aussi utilisé la photo d’un gendarme soutenant une manifestation de police en 2016, la photo d’un manifestant blessé à Barcelone ayant été présentée, quant à elle, comme une victime de la police. Des manipulations multiples, et relayées par nombre de journalistes, sans aucune vérification...
Trop souvent, les Gilets Jaunes défendent l’utilisation de la violence face à une soit-disant violence sociale. Cela leur donne de soit-disant excuses pour insulter, menacer, mettre le feu, détruire… Et quand mentir peut servir leur cause, ils ne s’en privent pas, et avec le soutien de certains journalistes. Il y a eu ce faux courrier de l’Elysée provenant soi-disant d'Emmanuel Macron, cet autre faux voulant faire croire que la Police Nationale appelait à soutenir les Gilets Jaunes, le détournement d’une interview d’un gendarme, etc. Et quand ils peuvent dire que ce sont les policiers ou les gendarmes qui ont été agressifs, utilisant des vidéos tronquées, c'est le déchaînement… Par exemple, cette vidéo affirmant que des CRS s’en étaient pris à un handicapé en chaise roulante - sauf qu'elle était totalement fausse, le démenti de la personne en chaise roulante elle-même n’y ayant rien changé. Il affirma que les CRS ne l’avaient pas agressé, mais au contraire protégé. Il s'agissait d'un jeune handicapé, conseiller départemental du Finistère, qui se disait d’ailleurs dégoûté par l’utilisation de son handicap… Alors, oui, il y a eu parfois des violences policières, car ça arrive quand les pressions sont trop fortes ; et ces violences sont suivies de sanctions exemplaires. A côté de cela, plusieurs centaines de policiers ont été blessés dans l’exercice de leurs fonctions durant ces manifestations, et le traitement journalistique de ces questions fut fait en mettant en avant essentiellement la violence policière et non celle - beaucoup plus importante - des Gilets Jaunes...
Le Monde a fait une présentation politique d'un certain nombre de graphiques, notamment sur le pouvoir d'achat. Il est tellement facile de détourner les graphiques et de prétendre qu'Emmanuel Macron ne fait qu’une politique pour les riches. Le journaliste qui a concocté l’article manipulatoire utilisant ces graphiques n’a évidemment pas fait preuve d’éthique. Le pouvoir d’achat a en réalité augmenté de 55 % en 30 ans, en tenant compte de l’inflation. Le pouvoir d’achat a augmenté en France de 1,8 % durant la deuxième moitié de 2018… Non, la France n’est pas un pays de miséreux ! Et il ne faut pas oublier que 745 milliards sont redistribués chaque année... Pour un géographe, ou tout scientifique (honnête), les graphiques publiés par Le Monde sont une horreur sur le plan éthique, puisqu'il ne commencent pas à zéro... donnant ainsi une impression d’écart beaucoup plus grand qu’il ne l’est entre le bas et le haut. On ne peut pas dire qu’il y ait eu une accélération des inégalités ; c'est une idée reçue, voire une manipulation. Pour comprendre une partie de la fluctuation, il faut réaliser qu’il y a eu une modification très importante de la pyramide des âges entre 1996 et 2016. Il y a certes une augmentation des inégalités par catégorie, mais le vieillissement de la population a également un effet multiplicateur sur les inégalités. De plus, dans l’article du Monde, le journaliste a fait intervenir des "experts" engagés surtout auprès de Jean-Luc Mélenchon ou de Benoît Hamon, augmentant ainsi le biais de l’analyse, présentant la France censée être miséreuse et fraternelle (celle des Gilets Jaunes) en lutte légitime et révolutionnaire contre la France "d'en-haut", des Gilets Jaunes "sympathiques" et "opprimés"... C'est évidemment faux lorsqu'on analyse les chiffres avec un minimum d'impartialité, ce qui ne veut pas dire qu’il n’y ait pas d’inégalités en France...
Elément bibliographique :
"Gilets jaunes, l'imposture" - L'Inconnu soldat, Les éditions des Sans voix, 2019, 211 pages
Présentation du livre :
Ce livre a pour objet l'étude de la genèse du mouvement des gilets jaunes, le rôle qu'ont joué les media, les intervenants médiatiques, les politiques. C'est également une étude de la dérive déontologique des media et notamment du journal Le Monde. Il démontre comment un mouvement ultra-minoritaire (0,6 % des électeurs au plus fort des manifestations) ont eu droit à un traitement médiatique hors de toute proportion, une présentation idyllique. Il démontre un aveuglement coupable des media des dérives, depuis le début, violentes, sectaires, extrêmistes de ce mouvement et comment ces mêmes media n'ont jamais donné la parole aux opposants à ce mouvement et comment, comme les journalistes de BFM l'ont reconnu, ce fut, pour certains d'entre eux, six semaines de mono-information au profit des gilets jaunes alors que plus rien n'a existé autour. En revanche la parole a été donné à des complotistes, des extrémistes et ce à flux continu.
Corinne Schwers
Le 21 février 2019
QU'EST-CE QU'UN CONSTRUCTIF DE GAUCHE ?
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Afin que les choses soient bien claires, en cette période confuse de perte des repères, je voudrais résumer assez rapidement quel est mon positionnement politique au niveau des structures - donc peu susceptible d'évoluer dans l'immédiat -, et qui est le même depuis l'élection d'Emmanuel Macron à la présidence de la république. Venant de la famille de pensée du socialisme démocratique (car il y en eut un qui ne le fut pas et sombra dans le totalitarisme puis l'autoritarisme), je suis toujours totalement ancré dans cette tradition historique - et pour être précis de type rocardienne. Voilà pourquoi, par rapport au pouvoir exécutif en place dans notre pays, je me situe toujours comme un constructif de gauche, de la même façon qu'à l'Assemblée des députés il y a un groupe parlementaire de "Constructifs" (environ une quarantaine de députés) issus du centre-droit, quant à lui. Au moment où Emmanuel Macron remporta les élections présentielles d'avril-mai 2017, j'aurais souhaité que "Nouvelle gauche" (le groupe de l'ancien PS), au lieu de faire de l'opposition systématique (pensant ainsi que l'on ne peut par définition exister qu'en s'opposant d'une manière systématique - même quand on est d'accord sur une idée), contribue à mettre en place un grand pôle social (avec d'autres) au sein de l'Assemblée des députés, dans le cadre ou en périphérie critique de la majorité présidentielle : savoir dire oui et savoir dire non, selon les cas (ce que demandent en fait une grande majorité de Français, et depuis longtemps). Ce groupe aurait pu faire pression sur l'Exécutif, en regroupant peut-être à terme une force d'une centaine de parlementaires (?)
Pourquoi un tel positionnement politique de ma part ? Le point de départ est issu de l'état de mort cérébrale (que j'espère provisoire) de l'appareil politique du PS, mené tant bien que mal par un Olivier Faure particulièrement courageux - mais à qui ses amis cadres socialistes sont bien loin de ne faire que des cadeaux... J'aurais donc pu me dire qu'il me fallait mettre mon clavier d'ordinateur au service de la seule reconstruction d'un socialisme ouvert digne de ce nom. Mais, le grand problème, c'est que nous vivons (et pas seulement en France) un épuisement absolu de la sociale-démocratie (ce qui ne veut pas dire forcément une disparition - au sens historique). Quelles sont les raisons de cette grave crise du socialisme démocratique (qui m'est si cher, car c'est ma "vieille maison") ? La principale réside dans l'essor de l'hyper-individualisme qui a atomisé la société française (rupture des solidarités) et l'existence d'une grave crise (pas seulement économique, mais systémique) qui fait que la redistribution juste des richesses (une des missions de base de la sociale-démocratie) est devenue de plus en plus difficile - surtout avec cette "croissance molle" que nous subissons, et sachant en plus qu'une croissance à 3% nous ferait contribuer à violenter la planète (c'est ce que j'appelle "la tenaille" - en réalité une des tenailles auxquelles nous devons faire face)... Et puis, de toute façon, les partis de gouvernement ont fini de plaire, comme on dit, aussi bien pour la gauche dite "de gouvernement" qu'en ce qui concerne ce qu'on appelait la "droite républicaine" (en voie de disparition progressive depuis plusieurs années, pour cause de radicalisation). Le collectif disparaît derrière le déchaînement du règne du "moi" et du "je", avec internet comme symbole et même catalyseur fondamental. Par contre, je suis certain que si la crise se calmait, des marges, pour une politique sociale, redonneraient son véritable espace politique au socialisme démocratique - qui ne peut sans doute pas mourir, mais devra évoluer...
En attendant cette éventuelle remise en marche progressive de la sociale-démocratie, et pour reprendre une expression célèbre : "Que faire ?" (formule employée par Lénine en son temps, avant le coup d'Etat d'octobre 1917). Ce XXIe siècle bien entamé va de plus en plus opposer les partisans d'une société globalement ouverte à ceux d'une société fermée montant des murs partout et dans tous les domaines ; ils seront - et sont déjà - issus des gauches et des droites, en croisements. On le voit bien actuellement dans le cadre de l'UE, où plusieurs pays sont gravement touchés par le populisme d'extrême droite ou même l'union des populismes d'extrême droite et de gauche (pour ce cas, je pense évidemment à l'Italie). Face à cette montée mortifère des populismes nationalistes, le socialiste que je suis doit avant tout faire bloc avec tous ceux qui veulent défendre prioritairement la démocratie, la république, nos institutions (qu'il faudra réformer en profondeur), et la fonction présidentielle (traînée dans la boue par la plupart des Gilets Jaunes)... Je me dois aussi de défendre prioritairement le multilatéralisme contre tous les populismes nationalistes, dans mon pays, en Europe, et dans le monde - contre Vladimir Poutine (le pape des nationalistes européens) et les trumpiens (qui salissent l'image de l'Amérique que j'ai toujours aimée, et que j'aime toujours).
Comment me situer, dans ces conditions, si j'étais parlementaire ? Autrement dit, comment agir et voter par rapport à la majorité actuelle regroupée autour d'Emmanuel Macron ? Partons d'une idée simple : en politique, il faut distinguer ses ennemis, ses adversaires, et ses concurrents (plus ou moins proches). Dans les conditions actuelles, Emmanuel Macron ne peut nullement être pour moi, socialiste, un ennemi... La question est donc : apparaît-il comme un adversaire ou un simple concurrent avec lequel une "alliance" est possible ? Un adversaire, certainement pas - sauf lorsqu'il prend ponctuellement telle ou telle mesure qui pourrait (peut) aller dans un sens contraire à mes convictions les plus profondes. Un concurrent, peut-être, mais avec lequel j'ai décidé de faire "alliance" en raison de l'état dans lequel se trouve ma famille de pensée (mais pas seulement). Loin de moi le fait d'être une sorte de nouvelle mouture du "social-traître" aux yeux de ceux qui tentent de maintenir quelque chose au sein de la "vieille maison" ; ceux qui me connaissent vraiment ne peuvent ignorer que ce n'est pas du tout mon genre... Et la preuve, c'est qu'en cas d'absence de danger immédiat provenant de l'extrême droite et des populistes en général (Mélenchon y compris), pour des présidentielles ou des législatives, il est évident que je me ferai(s) plaisir en votant PS. Mais, à condition que cette structure politique ne joue pas le jeu de la politique du pire en présentant Emmanuel Macron quasiment comme l'équivalent de ce qu'aurait été... ne parlons pas de Marine Le Pen mais tout simplement François Fillon, qui, logiquement, je vous le rappelle, devrait être président actuellement si...
En somme, dans l'intérêt (tel que je le ressens au plus profond de moi-même) de mon pays, de la république, et de la démocratie, mon premier combat restera contre et non pas pour, car il m'apparaît comme impossible - ce serait en effet une catastrophe - de raisonner autrement. Tout doit être concentré, selon moi, contre les divers populistes, quels qu'ils soient, de droite comme de gauche (RN et LFI de Jean-Luc Mélenchon), qui amèneraient la France à la banqueroute en quelques mois et nous feraient sombrer dans une pratique politique de type autoritaire. Je sais donc avant tout contre qui je dois me battre. Je ne suis pas un "macronien de gauche", mais un constructif de gauche (ce qui n'est pas du tout la même chose) qui essaye de penser d'abord à l'intérêt (tel qu'il le perçoit) de son pays, la France. Je ne veux pas d'une évolution à l'italienne à la suite de l'élimination de celui qui était l'icône de la sociale-démocratie européenne, Matteo Renzi, au profit d'une coalition terrifiante entre les populistes d'extrême droite de la Ligue du Nord et les populistes de gauche du Mouvement Cinq Etoiles. En effet, c'est là, au niveau de leurs équivalents français, que sont clairement mes "ennemis", et nulle part ailleurs... Pour le reste, attendons la fin des décantations politiques, et au premier chef le retour au calme face notamment à la folie oxymorique du "jaunisme"...
Jean-Luc Lamouché
9 février 2019
DE L’HORIZONTALITÉ EN TROMPE-L’ŒIL
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Il y avait eu ce mot, verticalité, balancé partout depuis avant l'été et hantant le moindre rond-point : - oh ! Là-haut, tu m'entends ?? Alors, en ce deuxième round de l'hiver, voilà quasi sans transitions, l'horizontalité en gloire : - Cause, mon camarade !. Et le "grand débat" de battre la campagne et quelques coins de villes... Où l'on entend comme dans une réunion 3e âge, en lieu et place du crochet, ou de l'aquarelle, s'essayer à une causerie, pas mal de gens âgés mais fringants, émoustillés, car n'ayant jamais milité politiquement ou syndicalement autour d'une table en formica et sous la lampe crue du vieux "local" de ma jeunesse. Ils énumèrent en vrac ce qui ne va pas, ce qui pourrait être arrangé, ce que - moi - je veux (voudrais étant trop incertain), et si possible, vite. Débattre ? Vous voulez rire, mais doléer (de ce vieux et beau mot disant la douleur), ça, oui. Et, même, quand le public échappe à cette caricature-clin d’œil de la maison de retraite à laquelle je faisais allusion, et malgré la présence ça et là, limite cirque médiatique, du président lui même, en seconde campagne électorale, pour reconquérir un électorat perplexe.
L'horizontalité est à la mode et le mot vole de débat tv d'experts en marché du dimanche. Mais, quoi-qu'est-ce ?? Passerait-on en un clic internet (puisque la toile est partie prenante du débat) de "Jupiter" à "l'agora" ? Il y a en ce beau pays de France démocratisé depuis des lunes - de part et d'autre de ses révolutions ayant accouché dans la douleur de ce suffrage universel si cher à chacun, et bien plus peut-être à chacune -, un type de voix du peuple, la démocratie représentative, que nos institutions de la Ve République ont largement installée en gloire. On vote de temps en temps, on délègue, et là-haut, la ponte des lois et autres règlements se fait, immuable mais de moins en moins visible, faut-il le dire, de moins en moins satisfaisante. C'est à n'en pas douter ce qui sourd de la crise actuelle et de ces ronds-points, où, n'en déplaise à certains, on sait quand même lire. Et les fusées d'animer le ciel ces temps-ci, de la demande, ou du simple rêve de toutes espèces de référendums, en volonté (ou simplement croyances inquiétantes) de se mêler de tout, de s'imaginer pouvoir à n'importe quel niveau et compétence, tout demander, et dans la foulée, tout faire. "On va revoir les lois", a dit il y a peu - péremptoire ou crédule - un certain, estampillé gilet dans les premières réunions de doléances, trop vite nommées débat en marche. Car, lister ses plaintes - je veux croire que c'est légitime et que l'initiative de l'Exécutif, là, est adaptée au moment - est une étape distincte du débat qui ne peut que suivre et non être, comme c'est le cas, mélangé au premier temps. Le "en même temps" du président, là, ne marche pas. La foire à "tout ce qui cause en bas" bat, peut-être les estrades, mais cela ne saurait faire démocratie participative, car on peut supposer que dans l'absence de pédagogie de l'outil offert, ce n'est pas de démocratie directe (je veux, je vote, j'obtiens) qu'il puisse s'agir. La démocratie participative, via ses doses diversement insufflables, était en 2007, souvenez-vous, un cheval important dans la bataille de Ségolène, qui alla jusqu'à la mettre en œuvre dans sa campagne , et à être imitée ailleurs qu'en France. Il s'agissait avant tout d'un - là, qu'est-ce que vous en pensez ? d'un dialogue en bas, avec la gens politique se réservant la construction, l'architecture, la mise en œuvre de ces "idées", pour peu qu'elles soient retenues. Nulle part, nous n'entendions la candidate battue ultérieurement demander crûment aux gens, ce - comment vous feriez là, vous ? à ma place, qui serait tout sauf participation, mais délire et perte de temps démagogique.
Or, quelques bonnes années après, reproduisant "la marche au contact des électeurs" de la campagne de 2017 d'Emmanuel Macron et les siens, nous voici devant un objet politique non identifié, cousu de tout un peu. Des miettes de démocratie directe (s'arrêtant à la parole, s'entend), un vague habillage de démocratie participative, où faire causer vaudrait thérapie de groupe, une démocratie représentative, qu'on ne saurait tuer, mais qu'on se contente de glisser dans l'ombre, sans la réexpertiser, ni chercher à jouer sur ses leviers. Tout ce matériel - je ne dirais pas ce "barouf", car je respecte trop ce qui est d'ordre démocratique - donné à disposition de gens qui suent encore, ou leur colère, ou leur désarroi, en tous cas une épaisse méfiance. Et, cela, sans guère de mode d'emploi, sans visibilité aucune sur ce qui sera fait des paroles citoyennes recueillies, toute cette énergie en un temps court guère compatible avec un résultat tangible - trois mois, si j'ai bien entendu. Quelques exemples pour le moins déstabilisants sont de nature à nous interroger : lisez bien les axes et autres items ; brouillon de pistes possibles d'expression fournies par le pouvoir ; s'il est beaucoup de fenêtres où l'avis de tout un chacun est exprimable et ensuite peut faire l'objet d'une collecte ultérieurement utilisable - écologie et autres sujets sociétaux de base, sont instillés dans les listes des éléments beaucoup plus techniques et parfaitement vagues, du type - comment organiseriez-vous la réforme fiscale ? impossible à traiter en ces débats, car de fait, équivalents à - gouvernez à ma place... Erreur, précipitation inexpérimentée du pouvoir ? Ou - certains diront que je suis malveillante - volonté de mettre en lumière la maladresse et l'incapacité des citoyens convoqués, et donc l’inutilité du dispositif lui-même, ainsi désigné comme simple outil d'occupation des esprits surchauffés ?? et de fait, dévalidé dans l’œuf...
Qu'on m'entende bien : le concept de cahier de doléance m'est historiquement cher, celui d'un débat citoyen et de l'amorce d'une démocratie participative m'est, en tant que femme de gauche, une idée précieuse à creuser, et je suis reconnaissante à notre Exécutif, qui, bien qu'inexpérimenté, a choisi cette voie face à la violence des rues, mais... j'ai tous doutes sur la suite - qu'en fait-on ? et me permets de dire au président à quel point, en cas de cafouillage, le remède d'aujourd'hui deviendrait le mal de demain. Par ailleurs, les leviers sur le fonctionnement de notre démocratie représentative n'auraient-ils pas dû être activés dès l'entrée du quinquennat ? Notamment dans le volet du mode de scrutin : comment gérer les électeurs de la candidate battue au second tour, "récompensés" d'à peine une dizaine de députés à l'assemblée ? C'est, on le sait, de cette grossesse-là que sont nés pas mal de Gilets Jaunes...
Causer n'étant en rien débattre, force est de se méfier au plus haut point de l'outil en l'état, et nul doute que cela occupe les rares heures de sommeil de notre président, et à bon droit. Mais on peut aussi entendre le propos d'un Olivier Faure disant en politique expérimenté "qu'un outil, on s'en sert"...
Martine L Petauton
28 janvier 2019
ADHÉRER, DISENT-ILS...
Catégorie : Opinions
Manifestation à Montpellier il y a quelques jours
Un français sur deux considère en ce début Janvier 2019, qu'il "faut que le mouvement des Gilets Jaunes continue", et - d'après les instituts de sondage -, un peu plus même "Adhèrent". Quant au léger fléchissement des chiffres, depuis mi-novembre, on l'aura compris, ce n'est pas aujourd'hui mon propos. "Adhérer", être sympathisant, se vivre représenté, ou se sentir soi-même "Gilet"... Or, là, aucune carte, ni cotisation - t'as payé ta cotis cette année ? rien d'un contrat, pas même un pacs, rien à voir avec le moindre engagement ; plutôt une volée de j'aime sur une page face book ! des engouements de coin de fête foraine... Vaste foire là encore, à la hauteur des tout-mélange, des mixes improbables dont on parle à satiété depuis maintenant plus de deux mois, quand on s'exprime sur les Gilets Jaunes, ce "Jaunisme", néologisme récemment pondu quelque part, guère plus adéquat que le reste. Parce que tout en la matière est flou, imbriqué, et surtout mouvant ; autant dire insaisissable. Alors, pourquoi faudrait-il, face à ce tableau, une opinion claire et tranchée, rangée comme une armoire de bonne famille, puisque "reconnaître ses petits" semble n'être plus de saison ? Comme une inversion climatique, qui existe certaines fois et dans des conditions précises en climatologie (par exemple la température plus haute au sommet du Puy de Dôme que dans Clermont-Ferrand à ses pieds), on a un pays entier secoué par quelques centaines de milliers - mis bout à bout - de marcheurs en jaune du samedi (huit épisodes à ce jour, et bientôt neuf) et dans les ronds-points des villes ou péages des autoroutes, trois piquets, un bout de toile, des gamelles et une pincée de gars levant le doigt à chaque klaxon qui passe... Inédit ; inversion politique et sociétale.
Avant, soyons en sûrs, c'était la préhistoire... Il y avait la représentation de corps intermédiaires campant sur des élections professionnelles, qui alignaient dans des listes organisées, "ce" qu'on pouvait raisonnablement prétendre à obtenir comme droits supplémentaires ; un "Etat providence" qu'on défendait bec à bec et dont chacun comprenait l'utilité, une sorte de "consentement" à la société, en marge d'un consentement à l'impôt, qui, lui, n'était certes plus à l'affiche depuis belle lurette. On votait - mais de plus en plus, moins ou pas - pour des représentants qui "là-haut", fabriquaient des lois. 80 km sur les routes secondaires ne mettaient pas en émoi des territoires entiers. Il se mitonnait - depuis pas mal de temps, ces clivages peuple/élites où, dirait le dernier portable du marché, "y avait pas ou plus de réseau"... On était pour, contre, ou sans opinion (là, ça montait dru) ; c'était un temps - préhistorique, redisons-le - de majorités de Droite(s) calées sur des alternatives de Gauche(s), ou le contraire. On voyait encore clair dans ce ciel d'il y a si peu de temps... Et puis, ça s'est mis à disjoncter, au rythme des désillusions, et de la désespérance ; le "dégage !" s'est invité au banquet de ces individus se mettant à fonctionner dans tous domaines en individualistes. Le "je" avait chassé le "nous", et la grammaire, ma foi, rétrécissait comme camelote en lave-linge. "L'opinion", nourrie aux mamelles infernales des réseaux sociaux saupoudrés de fake news et de - "moi, je vais vous dire !" - s'activait à jeter dehors des présidents à peine installés ; sports qui coûtaient peu que ces bashings déchaînés. Mêmes clivages, bien sûr, dans ces opinions, que dans le reste, entre prétendues élites et reste du peuple prétendu ignare ; tennis de bazar, logique...
Pourquoi être étonnés de cet étrange, certes, et dangereux fleuve, "sorti de son lit", comme avait dit un jour "un certain" - partout à présent dans nos paysages. Évidente équation : l'opinion est Gilet, ou anti, et tout fonctionne à la même aulne. Cette moitié de français qui, disent-ils, "adhèrent", sont dans un immense mouvement de procuration sur du protestataire déguisé en horizontalité, sans jamais mettre la main à la pâte. "Ils se battent pour nous !" disait, pas peu fière, une femme dans sa voiture, longeant un rond-point, mais allant pour autant à ses affaires, se contentant de son pouce en l'air et de son gilet jaune posé devant son volant. Pauvre, pauvre façon de militer, d'appuyer des luttes ou même des causes. Fossé, à peine pensable, d'avec "nos" anciennes procédures, virées, dégagées, aux poubelles d'une histoire visiblement peu convoquée... La violence, si souvent partie prenante des pages de nos livres d'histoire, si redoutée par "l'opinion", et notamment la majorité silencieuse (sans doute fut-ce d'ailleurs là le logiciel le plus erroné de nos gouvernants), la violence elle même, passe, et fait flores, car "on n'a rien sans violence" ; c'est en exigeant, la voix et le geste hauts, qu'on a obtenu ; les méthodes anciennes n'arrivaient à rien, etc. bref, la barbarie a du bon !"... Il suffit en effet de constater le déroulé, la forme et le fond de la geste française de ces premières semaines de décembre, tant dans la rue, qu'au plus haut de l’État... Limpide, à n'en pas douter... !
Hier - 8e samedi Gilet, sur la place de Montpellier, deux arènes ; la tv en live ; préfecture, bagarres parfumées de lacrymogènes et la gare en ce moment de fin des congés d'hiver ; des feux au coin des rues, des Gilets parsemés de casseurs et d'émeutiers professionnels, des galops de CRS montant à l'assaut ; un blessé au sol, et une foule réjouie au balcon - "C'est les Gilets ?" - comme au passage du tour de France ! Un rideau de portables (à bonne distance quand même) filme à tour de bras cet énième épisode de guérilla urbaine. Posé illico sur le premier facebook venu, des commentaires devant l'allongé au Gilet - "pas bien !"... Riche rhétorique... Voilà donc le niveau de ces "adhésions", de ces applaudissements (d'opérette)... ! Qui a dit inquiétude ? Qui a dit honte ? Désespoir ? Surtout pas ! C'est à ce problème qu'il faut nous atteler. Tous... Et quelques optimistes de murmurer que la chance, celle de tous, est peut-être aussi du voyage...
Martine L Petauton
6 Janvier 2019
ENFIN LE DÉBUT DU "ET GAUCHE" ?
Catégorie : Opinions
Emmanuel Macron annonce un tournant social ?
Dans l'allocution télévisée d'Emmanuel Macron qui eut lieu hier 10 décembre 2018, je relèverais les annonces et les mesures concrètes suivantes... D'abord, une volonté enfin affirmée d'aller vers l'augmentation de la nature profonde de notre démocratie, de sa refondation, avec - enfin - la reconnaissance par le chef de l'Etat du rôle indispensable des corps intermédiaires (les syndicats réformistes ont été écoutés avant les annonces, les maires vont être amenés à jouer un rôle dans la consultation de nos compatriotes pour rénover notre démocratie, etc.), et l'invitation à ce que des associations de citoyens articulent leurs idées et propositions avec la démocratie représentative. Ensuite, des décisions sociales effectivement très concrètes (ce qui était attendu), telles que l'augmentation mensuelle du SMIC de 100 euros (alors que la CFTC par exemple ne demandait il y a quelques jours que seulement 30 euros), dès les débuts de l'année 2019, une prime de Noël importante (qui serait versée par les entreprises les plus importantes), des heures supplémentaires défiscalisées, et pour les retraités le passage du seuil mensuel des pensions, en ce qui concerne le paiement de la CSG (Contribution Sociale Généralisée), de 1.250 euros à 2.000 euros (ce qui signifie évidemment que les retraités touchant une pension jusqu'à 2.000 euros mensuels ne la paieront pas), etc. Et tout ceci sans augmentation des impôts, avant tout parce que "Bruxelles" a décidé de nous permettre de dépasser la "règle d'or" des 3% de déficits annuels - soit sans doute entre 3,3 et 3,5%. Je regrette toutefois vivement que les petites retraites n'aient pas été considérées comme allant vers une augmentation pécunière assez conséquente...
Cela dit, deux points à ajouter... D'abord, en dehors d'un certain nombre d'entre eux (quel % ?), cela ne m'étonne absolument pas que la majorité des Gilets Jaunes que nous avons pu écouter s’exprimer à la TV (et qui ne représentent personne, sinon eux-mêmes, en tant que simples individus !) soient encore et toujours hostiles par rapport aux mesures sociales annoncées ! En effet, une majorité d'entre eux appartiennent globalement à la partie inférieure des classes moyennes et n'ont rien à faire ni des smicards, et encore moins des catégories vraiment populaires (en-dessous du SMIC), qu'ils considèrent systématiquement comme des "assistés"... ! En somme, ceux-là sont toujours dans le "Moa !", et le "Après Moa le déluge !", sans comprendre que le pays serait au bord de la faillite si on les écoutait dans leur égoïsme hyper-individualiste. Une déception tout de même, pour moi : qu'est-ce qui sera fait pour ceux de nos compatriotes qui souffrent vraiment et ne disent jamais rien (environ sept millions), et qui sont nettement en-dessous du SMIC... ? Cela dit, au total, bravo, Monsieur le Président, car vous avez reconquis - en donnant enfin corps (n'est-ce qu'un simple début ?) au "et gauche" de vos annonces politiques originelles - les touches du clavier de mon ordinateur ! Surtout lorsque l'on peut assister, en parallèle, à la démagogie de tous les responsables-irresponsables dirigeants de tous les partis politiques de notre pays !
Je me doutais bien sûr, Monsieur le Président, du fait que, sous la pression du "kaléidoscope" des Gilets Jaunes, des mesures seraient annoncées hier soir, mais je ne croyais pas qu'elles commenceraient... enfin ! à donner du corps à une partie du "et gauche" que vous aviez annoncé pendant la campagne des élections présidentielles de 2017, puis déjà beaucoup moins au tout début de votre quinquennat ; et cela aussi bien en politique sociale qu'au niveau des transformations démocratiques (espérées). J'ai épluché toute la série d'annonces que vous avez faites, et aussi la forme très modeste (sans omettre le fait d'avoir reconnu que vous aviez "blessé" un certain nombre de Français par certaines de vos formules). De ce fait, et à condition qu'il s'agisse bien pour vous (et nous tous ensemble) d'un "vrai tournant" (votre expression), en somme le début de quelque chose, je suis ressorti de votre intervention avec l'espoir qu'elle vient peut-être d'ouvrir le chemin vers une sortie de la crise démocratique que nous traversons depuis plusieurs semaines. Nous savons qu'il y aura bien sûr toujours des mécontents, car, de toute façon, rien n'est plus différent d'un Gilet Jaune qu'un autre Gilet Jaune, et il y a en plus les membres des partis politiques populistes extrémistes, tout ceci étant entretenu d'une manière malsaine par la caisse de résonnance médiatique ! En mai 2019, pour les élections européennes, je m'apprêtais à voter pour la liste du PS. Mais, étant donné le comportement irresponsable de ses dirigeants, et si une liste "centrale" soutenue par vous et d'autres forces, est présentée (ce qui semble évident), et si le "et gauche" continuait à être pris en compte, je voterais évidemment en sa faveur...
Jean-Luc Lamouché
11 décembre 2018