JONAS KAUFMANN LE GRAND TÉNOR
Catégorie : Classique
Jonas Kaufmann roi des ténors d'aujourd'hui
Jonas Kaufmann, grand ténor allemand, né le 10 juillet 1969 à Munich (il aura donc 50 ans en juillet 2019), a déjà une assez longue carrière derrière lui. Il y a en effet un bon nombre d'années qu'il s'est imposé comme un des plus grands "divi" de la galaxie lyrique, et avant tout dans le domaine de l'opéra. Il avait été nommé "Artiste lyrique de l'année" par les lectrices et les lecteurs de la revue de musique classique Diapason en décembre 2010, puis s'affirma de plus en plus sur les grandes scènes des maisons d'opéra. Ce qui fait d'abord l'importance de Jonas Kaufmann réside dans ce qu'il aborde des répertoires très variés, toujours dans le cadre de la période romantique (et seulement pour la seconde moitié du XIXe siècle). En premier lieu, l'opéra germanique, qui est son répertoire naturel, du "Fidelio" de Beethoven (le seul opéra composé par "Le Maître de Bonn"), en passant par le rôle de ténor dans "Der Freischütz" ou "Obéron" de Weber, jusqu'à la plus grande partie des drames de Wagner : dans "Lohengrin", "Parsifal", mais aussi avec les personnages de Walther von Stolzing dans "Les Maîtres Chanteurs de Nuremberg", et Siegmund pour "La Walkyrie" ; tout ceci sans oublier certains opéras de R. Strauss.
Richard Wagner : extrait de "Die Walküre" ou "La Walkyrie" : cliquer ci-dessous
https://www.youtube.com/watch?v=Ukufk2YUVKY
En second lieu, Jonas Kaufmann interprète aussi les grands rôles pour ténor des opéras italiens : essentiellement ceux de Verdi et de Puccini, mais sans oublier les principales oeuves de Mascagni ("Cavalleria rusticana") ou de Leoncavallo ("I Pagliacci"). En troisième lieu, il aborde les personnages de certains opéras français, avec avant tout ceux de la "Carmen" de Bizet, du "Faust" de Gounod, du "Werther" de Massenet, de "La Damnation de Faust" de Berlioz, etc. A côté de l'opéra, et donc en quatrième lieu, il ne faudrait pas oublier les incursions de Jonas Kaufmann dans l'univers du lied germanique, chez Schubert (avec par exemple "Le Voyage d'hiver"), Schumann, ou R. Strauss, etc. J'ajoute que sa maîtrise de l'italien et de sa prononciation du français sont très convaincantes et donnent ainsi davantage encore de crédibilité à ses incarnations vocales et dramatiques dans le domaine de l'opéra. D'ailleurs, Kaufmann parle tout à fait couramment les langues utilisées à l'époque romantique dans le domaine de l'opéra, en dehors de l'allemand (sa langue maternelle) : à savoir l'italien et le français...
Giuseppe Verdi : extrait de "Il Trovatore" ou "Le Trouvère" : cliquer ci-dessous
https://www.youtube.com/watch?v=YBd87H8TGTk
Giacomo Puccini : extrait de "Tosca" : cliquer ci-dessous
https://www.youtube.com/watch?v=N8lD9ZmYHhE
Jules Massenet : extrait de "Werther" : cliquer ci-dessous
https://www.youtube.com/watch?v=PzKhikZ4oVE
Disque de Jonas Kaufmann grand prix lyrique 2013
Sa présence scénique, l'expression de son jeu dramatique, et son physique qui demeure aujourd'hui encore quasiment de "jeune premier", font de Jonas Kaufmann "le chéri de ces dames"... ! Et, dans ce monde de l'image au sein duquel nous vivons, cette forte personnalité agréable à regarder est pour lui un atout supplémentaire important… Toutefois, l'essentiel réside évidemment dans ses moyens vocaux, qui sont exceptionnels ! Plus qu'un ténor, Jonas Kaufmann est en réalité un baryténor, un peu comme le fut avant lui par exemple le chilien Ramon Vinay (1911-1996), ou encore Placido Domingo (Mais, pour ce dernier, seulement en fin de carrière). Baryténor, parce que sa tessiture (le registre vocal qu'il possède, en allant des notes les plus graves jusqu'aux plus aigues, et en passant par le médium) est très étendue ; en tout cas nettement plus large que celle d'un simple ténor. Au début de sa carrière, Kaufmann avait su économiser et faire mûrir sa voix, sans trop tomber dans les sollicitations souvent extravagantes et dangereuses du show business lyrique international à l'égard des grandes voix. Il céda pourtant de plus en plus à la tentation (financière et pour la gloire ?) face aux demandes démultipliées des maisons d'opéra à son égard. Et ce fut, il y a quelques années, l'accident vocal, dans le courant de 2016, lorsqu'il annonça qu'il lui fallait reposer sa voix pendant un temps non précisé... Il ne s'est remis de ce choc qu'il y a relativement peu de temps, et a donc pu déclarer, lors d'interviews, qu'il attendrait encore un certain nombre d'années avant, par exemple, de chanter et d'incarner les rôles wagnériens les plus difficiles, ceux que l'on appelle de "heldentenor" (ou de "ténors héroïques", en traduction française) : Tannhaüser (dans "Tannhäuser"), et Tristan (dans "Tristan et Isolde" - dont il interpréta l'Acte 2 aux Etats-Unis il y a peu, mais en version concert seulement, soit sans mise en scène). Pour le rôle de Siegfried (dans l'opéra éponyme de Wagner), incarnation connue comme étant la plus lourde (en durée), il a annoncé qu'il n'irait pas jusqu'à ce rôle, ce qui est bien dommage...
Je pense que Jonas Kaufmann, à la suite de son accident vocal, craint le rôle de Siegfried (en fonction de ce qui lui est arrivé), et pourtant, à Bayreuth, les voix des chanteurs sont protégées par la conque plongeante (la célèbre "fosse mystique") qui atténue notamment le surgissement des cuivres et leur donne un son relativement discret et surtout soyeux. Kaufmann nous a annoncé un "Tannhaüser", mais il n'ira pas au-delà... Nous devrons donc nous "contenter" de l'écouter avant tout dans les rôles de Florestan (de "Fidelio"), Don José (de "Carmen"), Werther (de "Werther"), ou encore Lohengrin (de "Lohengrin"), et peut-être à nouveau Siegmund (de "La Walkyrie"). Il faudra que Jonas Kaufmann gère mieux les dix bonnes années de carrière - voire davantage - qui lui restent. Et puis, n'oublions-pas que nous avons la chance de disposer d'un autre grand ténor allemand, à la voix plus lyrique, légère, que celle de Kaufmann : Klaus Florian Vogt ; un ténor qui a quasiment le même âge que Kaufmann, mais qui, grâce à son épouse (une soprano), a mieux su gérer sa carrière, surtout par rapport au risque d'accident vocal. Vogt a annoncé récemment qu'il terminerait sa carrière sur scène avec l'incarnation de Tristan (dans "Tristan et Isolde"), lui qui est le plus grand Lohengrin actuel - car il a exactement la voix lyrico-dramatique de ce rôle du "Chevalier au Cygne"... Pour ne pas passer sous silence les autres grands ténors qui s'expriment vocalement et dramatiquement sur les scènes lyriques internationales actuelles, je citerais avant tout Rolando Villazon, Vittorio Grigolo, Roberto Alagna, Marcelo Alvarez, Ramon Vargas, Juan Diego Florez, Bryan Hymel, etc...
Eléments de base discographiques :
Récitals d'opéras en CD :
"Jonas Kaufmann : Romantic Arias" - 2008 - Decca
"Jonas Kaufmann : Mozart, Schubert, Beethoven, Wagner" - 2009 - Decca
"Jonas Kaufmann : Verismo Arias" - 2010 - Decca
"Jonas Kaufmann : Kaufmann Wagner" - 2013 - Decca
"Jonas Kaufmann : The Verdi Album" - 2013 - Sony Classical
"Jonas Kaufmann : Nesssun dorma - The Puccini Album" - 2015 - Sony Classical
"Jonas Kaufmann : L'opéra" - 2017 - Sony Classical
Un récital d'airs d'opéras français
Vous trouverez ces CD sur les sites d'écoute en streaming Spotify (de préférence) et Deezer, et vous en aurez aussi des extraits sur You Tube
Il faudrait ajouter à ces albums des coffrets d'opéras en CD et des DVD d'opéras. Pour ceux qui aiment les lieder, on trouvera également plusieurs CD de Schubert et de R. Strauss interprétés par Jonas Kaufmann
Jean-Luc Lamouché
17 décembre 2018
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