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RICHARD STRAUSS, UN GRAND COMPOSITEUR

 

 

 

Catégorie : Musique classique

 

 

 

 

 

 

  

   C'est durant l'annéee 2014 que fut fêté le 150ème anniversaire de la naissance du compositeur allemand de l'époque postromantique Richard Strauss, après avoir - dans le même ordre d’idée - commémoré notamment le bicentenaire de celles de Richard Wagner et de Giuseppe Verdi en 2013. Né à Munich en 1864, celui qui fut un des plus grands chefs d’orchestre et créateurs de tous les temps mourut à Garmisch-Partenkirchen (en Bavière, près de la frontière autrichienne) en septembre 1949. "Strauss", un patronyme très répandu dans le monde germanique (pensons à la tradition autrichienne liée à Johann Strauss père et fils), et qui signifie tout simplement "bouquet" - ce qui fait effectivement très fête viennoise… ! Sans oublier l’influence d’Hector Berlioz (avec son célèbre "Traité d’orchestration"), Richard Strauss fut incontestablement, sur le plan musical, le continuateur de l'oeuvre de Richard Wagner et de toute la dynamique symphonique allant de Ludwig van Beethoven jusqu’à Gustav Mahler. Et pourtant ! En effet, son père était un anti-wagnérien et un pro-brahmsien notoire, qui avait pris le parti du fameux critique viennois Édouard Hanslick, contempteur de la "musique de l’avenir" (ou "à programme") de Wagner et de Liszt au profit de la "musique pure" de Brahms, Schumann, et Mendelssohn. Ce ne fut donc qu’à partir du début des années 1880 que Richard Strauss, devenu chef d’orchestre, prit ses premiers contacts avec des cercles favorables à la musique de Liszt et de Wagner. D’où ses deux premiers opéras : "Guntram" (1892) et "Feuersnot" (1901) - marqués du sceau wagnérien.

 

   Mais, il ne fut certes pas qu’un simple continuateur, puisqu’il arriva à s’émanciper assez largement de l’ombre portée du "mage de Bayreuth", ceci - sur le plan de l’expression lyrique - dès la composition de son troisième opéra, "Salome "(1905). Dans la foulée, citons ses principales compositions opératiques, qui ont constitué une des bases essentielles de son œuvre : il y eut "Elektra" (1909) - dont il déclara que c’était "le maximum de ce que les oreilles des auditeurs peuvent /supporter d'/entendre aujourd’hui !" –, "Der Rosenkavalier" (ou "Le Chevalier à la rose") (1911), "Ariadne auf Naxos" (ou "Ariane à Naxos") (1912), "Die Frau ohne schatten" (ou "La Femme sans ombre") (1919), "Intermezzo" (1924), "Arabella" (1933), "Capriccio" (1942), etc. Je précise qu'une des raisons les plus incontestables du goût de Richard Strauss envers la composition d’opéras est liée à son mariage (et son amour) avec la soprano allemande Pauline de Ahna (une union matrimoniale qui eut lieu en 1894) ; c’est d’ailleurs pour elle qu’il écrivit - par exemple - le rôle de Freihild dans son premier opéra "Guntram", déjà cité. J’ajoute que le compositeur eut la chance de pouvoir travailler avec un librettiste de génie pour nombre de ses opéras : Hugo von Hofmannsthal, un écrivain et dramaturge d’exception.

 

 

Scène finale de "Salomé" : cliquer ci-dessous

https://www.youtube.com/watch?v=Op1VoQXXARs

 

 

   En dehors de ses partitions opératiques, Richard Strauss se rendit aussi très célèbre par ses poèmes symphoniques. Parmi ceux-ci, il convient de citer avant tout : "Don Juan" (1889), "Mort et Transfiguration" (1891), "Till l’Espiègle" (1895), bien évidemment "Ainsi parlait Zarathoustra" (dont l’introduction fut rendue célèbre par le film "2001, L’Odyssée de l’espace", de Stanley Kubrick) (1896), "Don Quichotte" (1897), "Une vie de héros" (1899), etc. Mais, il obtint également de grands succès grâce à d’autres œuvres de type symphonique, telle que "La Symphonie alpestre" (1915) (dont la taille est assez démesurée), "Métamorphoses pour 23 cordes" (1945), etc. Certains ont reproché au compositeur sa musique "à programme" trop prononcé, et il est vrai qu’il se mit par exemple parfois musicalement en scène (pour "Une vie de héros"). Cependant, disons que toutes ses partitions symphoniques (sous la forme de poèmes musicaux ou autres) peuvent être entièrement appréciées avant toute chose pour leur seule beauté sonore - ce qui est, me semble-t-il, l’essentiel.

 

Poème symphonique : "Don Juan" : cliquer ci-dessous

https://www.youtube.com/watch?v=xYsoryu-toY

 

 

   Pensons aussi à ses lieder, soit ces partitions pour voix soliste et orchestre ou piano (plus de 200 au total…), composés généralement par Strauss pour une tessiture vocale de soprano. Il y avait ceux avec orchestre (environ une trentaine), pour la plupart magiques, et tout particulièrement les célèbres (et superbes !) "Vier letzte lieder" (ou "Quatre derniers lieder"), pour soprano et orchestre, écrits en 1948, juste un an avant la mort du compositeur, et qui - en tant que "chants du cygne" du romantisme musical - apparaissent comme un adieu serein à la vie. J'ai en tête avant tout notamment le dernier de ces lieder : "Im Abendrot" (ou "Au Crépuscule", ou encore "Au Soleil couchant"). A côté de ce que je viens d’ajouter, il faut insister sur le fait que Richard Strauss toucha aussi à tous les autres genres - ce qui est beaucoup moins connu ; ainsi, à des compositions concertantes, comme ses concertos pour hautbois et orchestre, ou ceux pour cor et orchestre, ou encore pour violon, etc. Il s’intéressa même - il est vrai dans une moindre mesure - à la musique de chambre et pour piano ; sans oublier celle pour ballet...

 

Extrait des "Vier Letzte lieder" : "Im Abendrot" : cliquer ci-dessous

https://www.youtube.com/watch?v=JwZOXC6_4fE

 

 

   Je finis cet article par la question très délicate concernant le positionnement de ce génie de l’histoire de la musique face au régime nazi ? Très touché par la mort de son grand collaborateur Hugo von Hofmannsthal (en 1929), ainsi que par les événements politiques qui se produisirent dans son pays, Richard Strauss connut ce qu’il faut bien appeler (et pendant un certain temps) une sorte d’inspiration moindre, et, lorsque les nazis arrivèrent au pouvoir (à partir de janvier 1933), il accepta de devenir Président de la Chambre de Musique du Reich ("Reichsmusikkammer"). Plus tard, il dira que son acceptation avait été due à une volonté de tenter de contrôler les choses que les hitlériens pouvaient faire dans le domaine de la politique artistique (?) Indiscutablement, il réussit à imposer pendant quelques années sa collaboration avec le grand écrivain autrichien d’origine juive Stefan Zweig, et fut même démis de ses fonctions de Président de la Chambre de Musique du Reich en 1935, ceci après qu’une de ses lettres envoyées à Zweig soit saisie par la Gestapo ! Dans cette lettre, Richard Strauss écrivait notamment (à propos de la judéité de Zweig) : "Mozart composait-il en aryen ?". Ajoutons que, du côté de sa belle-fille, prénommée Alice, sa famille était juive ; il voulut donc plus que probablement protéger ses proches. Le compositeur allemand se compromit pourtant par des photos bien embarrassantes le montrant en train de saluer chaleureusement de grands dignitaires nazis : ainsi Joseph Goebbels, le chef de la propagande du Troisième Reich ! Il faut aussi signaler que c’est lui qui composa, par exemple, "L’Hymne Olympique" glorifiant le régime nazi (en grande pompe) pour les JO de 1936… Faut-il le juger à l’aune d’un Herbert von Karajan, ou d’un Carl Orff, membres du parti nazi ?! Sans doute pas. Alors, à celle d’un Wilhelm Furtwängler ? En tout état de cause, après 1945, il fut très affecté par son procès en dénazification, car, dans tout ce qui concerne les rapports éventuels entre sa musique et le nazisme, il faut reconnaître qu’on ne trouve rien qui puisse faire penser à l’idéologie nationale-socialiste ou à de l’antisémitisme…

 

 

 

 

Eléments de base bibliographiques :

 

 

"Richard Strauss" - Michael Kennedy, Odile Demange (traduction), Fayard, 2001, 460 pages

"L’opéra selon Richard Strauss, Un théâtre et son temps" - Bernard Banoun, Fayard, 2000, 577 pages

 

 

 

Jean-Luc Lamouché

 

 

 

1er février 2019

 

 



02/02/2019
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