LA CHRISTIANISATION DE L'ECOSSE
Catégorie : Histoire
Célèbre Croix celtique
La christianisation de l’Ecosse à partir des IVe-Ve siècles ap. J.-C. joua un rôle important dans l’histoire de cette nation, et ceci jusqu’aux Guerres de religions du XVIe siècle. Cet article va parler des religions qui étaient présentes en Ecosse et bien sûr de l’arrivée du Christianisme comme religion nouvelle. Celle-ci se fit pendant l'existence de la culture civilisationnelle du peuple des Pictes (une confédération de tribus vivant dans ce qui est devenu l'Écosse du Nord et de l'Est, et présents avant la conquête de l'île de Bretagne - la Grande-Bretagne actuelle - par les Romains, ceci jusqu'au Xe siècle). Commençons donc par les cultes anciens. Avant l’arrivée de la nouvelle foi chrétienne, les premiers habitants de l’Ecosse croyaient en un panthéon composé de plusieurs divinités (polythéisme) : probablement les mêmes que sur le continent européen. On retrouve d'ailleurs même des traces de croyances antérieures au culte des dieux celtiques. Ces populations pratiquaient par exemple un culte lié à l’eau, un phénomène qui était fréquent dans toutes les religions primitives. Ce culte s’articulait autour des rivières, fontaines, puits et lacs. Une autre coutume est attestée : celle des têtes coupées. Les Pictes pratiquaient des sacrifices d'animaux, mais aussi en effet des sacrifices humains. Les Pictes croyaient en l'Au-delà. Dans leur culture funéraire, on à la pratique de la crémation, puis l’apparition de tombes individuelles, donc l'inhumation. Un culte lié aux arbres (les Arbres sacrés) est aussi attesté. La religion de ces peuples s'articulait évidemment autour de la magie et du chamanisme. Précisons que les druides étaient très présents dans la société, y jouant un rôle important : celui de pilier social central, en tant que détenteurs du savoir...
Image symboliste d'un druide à l'époque celtique
En ce qui concerne la présence des premiers chrétiens en Ecosse (sans omettre l'Irlande), elle est attestée dès le Ve siècle ap. J.C. Il faut dire que la diffusion de cette nouvelle religion, dont le culte avait été rendu officiel dans l'empire depuis Constantin le Grand, était due à l’activité intense du commerce entre l’île de Bretagne (que les Romains appelaient "Britannia") - qui avait été en partie conquise par Rome depuis Jules César et surtout l'empereur Claude - et le continent. La présence de soldats chrétiens dans l’armée romaine est attestée et a sans doute pu faire avancer la progression du christianisme. Les premiers évangélisateurs commencèrent par convertir les élites (politiciens, rois, et marchands, etc.). Les missionnaires rencontrèrent des difficultés pour la conversion du peuple, qui était très ancré dans ses anciennes croyances. Le christianisme étant axé sur le patriarcat, ces populations n’arrivaient pas à comprendre cette société romaine qui, elle, était fondée sur la succession par les femmes (matrilinéaire, donc avec un système de filiation dans lequel chacun relevait du lignage de sa mère.). Avec les premiers chrétiens, de nombreux monuments religieux (abbayes, églises, fondations chrétiennes diverses) apparurent dans le cadre des royaumes pictes. Les plus anciennes traces archéologiques de ce phénomène historique fondamental datent des Ve-VIIe siècles (certaines sources évoquant l'année 450 ap. J. C. pour les débuts). Les premiers écrits attestant la présence de la foi chrétienne datent précisément de 565 ap. J.-C...
Des missionnaires intervinrent pour l'évangélisation chrétienne. Deux religieux jouèrent ainsi un rôle important dans la christianisation de l’Ecosse. D'abord, il y eut Saint Ninien, un missionnaire d’origine bretonne. Il étudia à Rome et séjourna dans la capitale de l'Empire autour des années 300. Il fut le fondateur du "Candida Brava" (un grand centre religieux). Saint Ninien semble être arrivé à Withern (dans le Lincolnshire, en Angleterre) aux alentours des années 500. Ensuite, ce fut le célèbre Saint Colomba, qui était d'origine irlandaise, et fonda le monastère d’Iona, qui réussit à supplanter les autres monastères. Les moines tenaient une chronique qui deviendra le Livre de Kells (1). Saint Colomba était né dans le comté de Donegal (en Irlande), précisément le jeudi 7 décembre 521. Sa mère était une princesse de la maison royale de Leinster (2). Saint Colomba appartenait aux clans des Ui Neill (du nord de l’Irlande). Ses parents l’envoyèrent en forestage (il fut ainsi élevé dans une autre famille que la sienne) et le destinèrent à une vocation religieuse. L'ecclésiastique qui l’éduqua s’appelait Gruithnan. Saint Colomba poursuivit sa vocation auprès de Saint Finnirian de Morville, puis continua son instruction auprès de Clonmarc. On le considéra bientôt comme étant le père du monachisme (réseau des monastères) chrétien celtique. Son ordination eut lieu à Glasvenein, dans le sanctuaire de Saint Mobbi. Il fonda le monastère de Durrow, situé dans le comté d’Offaly, puis partit évangéliser l’Ecosse...
Statue représentant Saint Ninien
Image représentant Saint Colomba
Columba arriva sur l’île d’Iona, en 563. Il organisa alors la fondation d'un monastère et le dirigea jusqu’à sa mort en 597. Il devint progressivement le plus important chef religieux du royaume du Dal Riatà. Son chemin de croix fut la fait d'avoir à faire l’évangélisation des Pictes. Il rencontra leur souverain en 565 ou 575. Il entreprit alors sa tâche avec son réseau d’abbayes. La liturgie était tournée vers le courant celtique. Il y avait, sur ce plan, pour faire en sorte que l'adaptation puisse se faire plus facilement, plusieurs points de différences avec Rome (date de Pâques, tonsure des moines, doctrines, mariages des prêtres, etc.). Des faits qui provoquèrent un conflit théologique... Celui-ci fut réglé à Withby en 664, après la mort de Saint Colomba, sous l’égide et la demande du roi Oswy. Mais, on assista ensuite au retour des différences théologiques après la victoire de Bridei à la bataille de Nechtansmére en 685. Le monachisme local fut pourtant supplanté définitivement par Rome en 710. Le clergé, en particulier celui d’Iona, fut amené à se soumettre à la papauté romaine en 716. Un nouveau centre religieux avait vu le jour aux alentours de l’an 700 à Dunkeld. Il eut bientôt la prééminence sur les établissements des Pictes et des Scots. En ce qui concerne Iona, il devint le lieu d’inhumation des rois d'Ecosse à partir de Donald III (1033-1099). J'ajoute qu'en 750, à Rosemarkie (3), un monastère vit le jour, et devint l'un des plus importants centres religieux du pays après celui d'Iona...
Ensemble du monastère d'Iona
(1)- Le "Livre de Kells", connu aussi sous le nom de "Grand Évangéliaire de saint Colomba", est un manuscrit illustré de motifs ornementaux et réalisé par des moines de culture celtique aux alentours de l'année 800. Considéré comme un chef-d'œuvre du christianisme irlandais et de l'art irlando-saxon, il constitue, malgré son inachèvement, l'un des plus somptueux manuscrits enluminés ayant pu survivre à l'époque du Moyen Âge
(2)- Le Leinster était l'une des quatre provinces traditionnelles de l'Irlande. Recouvrant la partie orientale de l'île, son territoire avait pour principal pôle urbain la métropole irlandaise de Dublin
(3)- Rosemarkie est situé sur la côte sud-ouest de la péninsule de Back Isle, au nord de l'Écosse. La localisation de la ville actuelle se trouve à 0,4 km de celle de Fortrose, ce qui nous place à 19 km au nord-est d'Inverness
Eléments bibliographiques :
"Histoire de l’Ecosse : Des origines à 2013" - Michel Duchein, Tallandier, réédition 2013, 797 pages
"Les Pictes : A l’origine de l’Ecosse" - Fréderic Kurzawa, Edition Yoran, 2018, 511 pages
Romain Nicolas
28 juillet 2019
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