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MONTPELLIER : MÉDECINE MÉDIÉVALE ET RENAISSANCE - 2

 

 

 

Catégorie : Histoire

 

 

 

 

 

 

 

 

"Puis, soigneusement, revisite les livres des médecins Grecz, Arabes, et Latins, sans contemner les Talmudistes et Cabalistes, et par fréquentes anatomyes acquiers toy parfaicte congnoissance de l’aultre monde qui est l’homme", Rabelais (étudiant en médecine à Montpellier entre 1530 et 1532, puis 1537 et 1538)...

 

   Étudier la médecine à Montpellier fut pour l’élite éclairée de son temps une évidence, tant l’offre y était importante, moderne et scientifique. Tant, aussi, la réputation de la ville (autour de 40.000 habitants) en ces domaines, allait bien au-delà du royaume. Tant, enfin, la vie d’étudiant y générait l’appétence, un peu comme aujourd’hui. Au Moyen-Age (l’école de médecine date de 1220, après plus d’un siècle d’enseignements moins organisés), coexistaient plusieurs écoles, sises en divers endroits de la ville. Privées, tenues par des maîtres-médecins qui recevaient chez eux leurs élèves et enseignaient auprès de leurs malades, comme un apprentissage sur le tas. On appartenait au collège de Mende ou à celui de Gérone (fondés par des médecins originaires de ces villes). "On y était logé, nourri et on pouvait consulter une bibliothèque", un peu sur le modèle des corporations médiévales et du fonctionnement des métiers. Coûteuse était évidemment l’entreprise.

 

   Au XVIe siècle, l’école médicale se structura dans l’université. Un Rabelais, un Rondelet, un Nostradamus (celui-ci ne fut toutefois pas accepté car il avait été apothicaire) écumèrent les rues et les bancs d’écoles, croisant les médecins des papes (Arnaud de Villeneuve, Gui de Chauliac), et ceux des rois de France. On "arrivait médecin" en franchissant trois étapes successives et payantes ; trois grades : le baccalauréat, la licence, le doctorat. On pouvait commencer ses études tard (Rabelais débarqua à Montpellier à près de 40 ans, après une première vie de moine). L’impétrant élève en médecine était nommé "béjaune", allusion au bec des très jeunes faucons. Il lui fallait prouver être né de mariage légitime, n’avoir pas exercé de métier manuel, et être "maître es arts". Un court examen de ses connaissances en physique et dialectique achevait son pré-passage, ouvrant sur l’inscription à la faculté et le choix de son parrain-médecin. La faculté était régie de façon  très hiérarchisée (que l'on peut comparer à un monastère) ; le procureur des étudiants, élu, observait la tenue des cours par les professeurs (le salaire pouvant être retenu... !).

 

   L’année était divisée en deux : "le Grand Ordinaire (cours assurés par les professeurs régents), le Petit Ordinaire (bacheliers préparant la licence). Les cours commençaient dès 6 h du matin, alternant lecture de textes et explication magistrale. Les programmes comprenaient les textes des Anciens, Hippocrate ou Galien, et - abondamment, à Montpellier - les textes des Arabes. En période hivernale, des dissections étaient pratiquées (corps d’un condamné à mort fourni par les autorités à partir d’une certaine date ; avant, on le sait, chasse à la dépouille par les étudiants et enseignants…). L’été, on partait dans la campagne pour herboriser. Ce XVIe siècle sonnait humanisme, en médecine, comme ailleurs. Les examens revêtaient un aspect solennel ; l’étudiant était interrogé durant plusieurs heures par un jury. Le diplôme s’achetait, comme le cycle d’études l’avait exigé à chacune de ses étapes.

 

   La fin des études, sanctionnée par le doctorat, était particulièrement ardue : "le candidat tire à deux jours d’intervalle un sujet issu de l’Ars Parva de Galien et des Aphorismes d’Hippocrate ; il le développe devant les docteurs régents et ordinaires. Pendant tout le temps de l’examen, il distribue vin blanc, gâteaux et fruits à ses examinateurs"... Une fois reçu docteur , et paré de la toge rouge, les insignes de son grade étaient remis à l'ancien candidat  : bonnet, anneau d’or, ceinture, livre d’Hippocrate. Le médecin pouvait ensuite rester à Montpellier et y exercer, ou même y enseigner à son tour, ainsi que fit Rabelais… Le quotidien de la vie étudiante était riche, bougeant, haut en couleurs et souvent bien en dehors des règles, et du respect dû aux autorités et aux adultes. Les frères Platter, venus en Montpellier, de leur Bâle natale, pour étudier la médecine, s’en sont fait de remarquables échotiers...

 

 

 

Eléments bibliographiques :

 

 

 

"Le Bistouri et la Plume", 2012, 8 €, en vente au Musée Atger de Montpellier

 

"Rabelais et l’école de médecine de Montpellier" - Hélène Lorblanchet, 7 €

 

 

 

 

Martine L. Petauton

Avec l'autorisation de Reflets du Temps

 

 

25 avril 2019

 



27/04/2019
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